
Le député national Gratien Iracan, élu de Bunia, a lancé un appel solennel au président de la République, Félix Tshisekedi, pour qu’il prenne des mesures fortes face à la recrudescence des violences en Ituri.
Dans une correspondance, l’élu a demandé le limogeage immédiat du gouverneur militaire de la province, le général Luboya Nkashama Johnny, actuellement en séjour à Kinshasa. Selon lui, l’autorité militaire a failli dans sa mission régalienne de protection des civils, en dépit de la gravité des massacres et attaques récurrentes dans la région.
« Face à la gravité des faits et à l’inaction persistante des autorités compétentes, je vous demande solennellement (…) la mise en accusation du gouverneur militaire pour manquement grave à son obligation de protection des civils, ainsi que l’arrestation et la traduction en justice de tous les commandants d’unités déployées dans les localités touchées », a déclaré Gratien Iracan.
Selon cette même correspondance, plusieurs crimes ciblés, principalement contre les membres de la communauté Hema, ont été perpétrés en présence, et parfois à proximité immédiate des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Mission des Nations Unies (MONUSCO), dans un contexte où le groupe armé criminel CODECO opère depuis plusieurs mois dans une Province sous état de siège depuis 5 ans.
Les témoignages recueillis font état de massacres de civils, exécutions sommaires, pillages, incendies volontaires, déplacements forcés et autres violations graves de crime contre l'humanité et du droit international humanitaire. Plusieurs indices concordants pointent vers une absence manifeste d'intervention, voire des complicités présumées, malgré la proximité des forces loyalistes et onusiennes.
D’ailleurs, les dernières violences enregistrées dans le territoire de Djugu ont fait au moins 31 morts, dont 19 civils, 14 blessés et plus de 15 000 déplacés.
Face à cette situation, le député Iracan estime que seule une remise en cause profonde du commandement militaire et une action judiciaire contre les responsables défaillants peuvent rétablir la confiance des populations envers l’État.
Cette situation intervient dans un contexte où les critiques se multiplient contre l’état de siège, instauré depuis mai 2021 en Ituri et au Nord-Kivu, mais dont les résultats tardent à se faire sentir.
Jephté Matondo