La localité de Kalembe, située dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu, a été prise sous contrôle du M23 ce dimanche 20 octobre 2024, marquant ainsi une escalade significative dans le conflit qui ravage la région depuis la fin de l'année 2021.
En effet, ce développement alarmant fait suite à des combats acharnés opposant les rebelles aux groupes d'autodéfense locaux, connus sous le nom de Wazalendo, qui sont des alliés du gouvernement congolais.
Les hostilités ont débuté aux premières heures du matin, vers 4 heures du matin, lorsque des rebelles, apparemment venus de Kashuga, ont lancé une attaque surprise. Ils ont incendié une position des Wazalendo, qui comprenait des membres des groupes NDC-Renové et APCLS. À 9 heures, Kalembe était déjà tombé aux mains des agresseurs.
Pour le député Willy Mishiki, l'élu de Walikale, « La guerre de l'Est vient de prendre un tournant décisif. Kalembe est le premier village conquis dans le territoire de Walikale, un verrou crucial pour atteindre les provinces voisines de la Tshopo, du Sud-Kivu et du Maniema ».
Et de son côté, l'armée congolaise observe un cessez-le-feu instauré par le processus de paix de Luanda depuis le 4 août dernier.
Cependant, cette trêve suscite des inquiétudes. « Cet abandon des ex-Wazalendo risque de compliquer la situation sur le terrain, alors que notre gouvernement est distrait par le cessez-le-feu de Luanda, pendant que nos ennemis récupèrent des espaces », a averti Willy Mishiki.
La prise de Kalembe, une localité stratégique qui donne accès à Lubero, Rutshuru et Tshopo via le groupement d'Oninga, pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la stabilité de la région.
Il sied de noter que le territoire de Walikale devient ainsi le cinquième du Nord-Kivu à être touché par le conflit, rejoignant Rutshuru, Masisi, Lubero et Nyiragongo, malgré l'état de siège décrété en mai 2021. Pendant ce temps, le territoire de Beni, au nord, continue d'être le théâtre d'attaques terroristes menées par les ADF, tandis que les villes de Goma, Butembo et Beni restent symboliques des autorités de l'état de siège, bien qu'elles soient menacées par la criminalité urbaine.
Jephté MATONDO