
Du marché central aux agences bancaires, en passant par les maisons de télécommunications et les cambistes de quartier, les Kinois font face à une cacophonie monétaire qui fragilise leur quotidien.
Le dollar américain, monnaie de référence en République démocratique du Congo, ne vaut jamais le même prix selon le lieu, le service ou l’opérateur.
Dans les marchés populaires de la capitale, un dollar s’échange à 2 800 FC, tandis que chez certains cambistes de Gombe ou de Ngaliema, il varie entre 25 000 et 26 500 FC.

Du côté des opérateurs de télécommunication, la situation frise l’absurde: Airtel fixe le taux à 29000 FC, quand Vodacom et Orange oscillent entre 26000 et 26400 FC. À Canal+, un dollar s’évalue même à 28 500 FC pour l’achat d’un abonnement.
Quant aux banques commerciales, le constat est encore plus amer.
« Ça dépend de l’humeur du gérant », ironisent plusieurs clients, dénonçant une absence totale d’uniformité dans les transactions.
Cette instabilité chronique met en difficulté les ménages, les commerçants et les entreprises, qui ne savent plus à quel taux se fier pour leurs dépenses quotidiennes. Pour certains analystes, cette situation résulte du manque de régulation sérieuse et de l’influence grandissante des marchés parallèles sur l’économie congolaise.
« Le franc congolais n’a pas de repère fixe. Tout le monde improvise, et cela alimente l’inflation ainsi que la méfiance des citoyens » explique un financier.
Face à cette anarchie, une question s’impose : qui doit mettre de l’ordre ?
La Banque centrale du Congo (BCC), censée garantir la stabilité monétaire, peine à imposer un taux directeur unique respecté par tous les acteurs. Pendant ce temps, la population navigue entre frustration et résignation, voyant leur pouvoir d’achat s’effriter au gré des spéculations.
À Kinshasa, le dollar reste roi, mais sa valeur dépend du trottoir où l’on se trouve.
Jephté Matondo