Wameso
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La Banque Centrale du Congo (BCC) amorce une réorientation majeure de sa politique monétaire, avec pour objectif de restaurer la confiance dans le Franc Congolais (CDF) et de soutenir la reprise économique. Sous la houlette de son nouveau gouverneur, André Wameso, l’institution a dévoilé trois mesures d’envergure : une baisse historique du taux directeur, la constitution de réserves d’or et une refonte de sa gouvernance interne. 

Des décisions qui, selon plusieurs analystes, marquent le retour d’une vision stratégique au sommet de la politique monétaire congolaise.

La décision la plus commentée reste la réduction du taux directeur de 25 % à 17,5 %, une première depuis plus d’une décennie. Ce geste vise à fluidifier le crédit bancaire, dynamiser l’investissement productif et relancer l’activité dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure. 

En abaissant le coût de l’argent, la BCC envoie un signal fort aux marchés : elle privilégie désormais la stimulation de la croissance plutôt qu’une stricte politique de resserrement monétaire. Cette orientation s’inscrit également dans le vaste chantier de dédollarisation de l’économie congolaise, un défi que le pays tente de relever depuis plusieurs années.

Parallèlement, la Banque Centrale entend renforcer la crédibilité du Franc Congolais en s’appuyant sur un actif tangible : l’or. La constitution de réserves stratégiques de ce métal précieux marque une inflexion prudente mais décisive dans la gestion des avoirs extérieurs du pays. 

Dans la diversification des ses réserves, la BCC cherche à protéger la valeur du CDF contre les fluctuations des devises et à ancrer la stabilité monétaire sur un socle plus résilient. Cette démarche s’aligne sur les meilleures pratiques internationales, où l’or redevient un instrument de sécurité financière dans un contexte mondial incertain.

L’arrivée d’André Wameso à la tête de la BCC en août 2025 symbolise cette nouvelle approche. Fin connaisseur des rouages économiques de l’État, l’ancien conseiller économique du Président de la République imprime déjà sa marque : modernisation institutionnelle, rigueur dans la gouvernance, et volonté d’agir vite. Sa stratégie repose sur un équilibre délicat entre stimulation de l’activité économique et préservation de la stabilité macroéconomique, un exercice que la Banque Centrale devra maîtriser avec finesse pour éviter tout risque inflationniste.

Toutefois, ses mesures traduisent une ambition claire : faire du Franc Congolais un instrument de souveraineté et de confiance. En combinant la baisse du coût du crédit, l’ancrage de la monnaie sur l’or et une gouvernance rénovée, la BCC tente de créer un environnement monétaire propice à l’investissement, à la croissance et à la stabilité. Pour beaucoup d’observateurs, cette approche marque un tournant psychologique majeur: celui d’un retour à la crédibilité institutionnelle et à la discipline financière.

Mais le pari reste exigeant. Sans une coordination étroite avec la politique budgétaire et un assainissement du climat des affaires, ces réformes risquent d’être freinées dans leur portée. Si la cohérence entre les différentes institutions économiques est maintenue, la République Démocratique du Congo pourrait bien entrer dans une nouvelle ère monétaire, où le Franc Congolais ne serait plus un simple instrument d’échange, mais le symbole affirmé d’une économie en reconstruction et d’une souveraineté retrouvée.

Yves Sikila