Papa Wemba
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24 avril 2016 - 24 avril 2024, cela fait exactement 8 ans depuis que le chanteur congolais Shungu Wembadio Pene Kikumba Jules, connu sous le pseudonyme de Papa Wemba a quitté cette terre des hommes, en Côte d'Ivoire, sur scène, à l'âge de 66 ans.

Cet artiste qui a un parcours particulier dans la musique congolaise moderne a marqué toute une génération avec son orchestre, le Viva la Musica, créé en 1977. Une année avant sa mort, son ensemble musical se préparait pour fêter ses 40 ans d'existence.

Comme toute les années depuis sa disparition, un festival est organisé au couloir Madiakoko, à Matonge, dans la commune de Kalamu, pour rendre hommage à cette icône de la musique congolaise moderne, avec les productions musicales de plusieurs orchestres.

Rappelons qu’il y a 2 ans, Félix WAZEKWA et Koffi Olomide s’étaient réconciliés, grâce à la commémoration du 6ème anniversaire de la mort de celui que ses fans appelaient le grand Mayasi.

Musique, Papa wemba, 4 ans, déjà

Voici un témoignage sous forme d'un poème d'un congolais amoureux de la musique, qui vit en France depuis plus de 40 ans.

Lettre à un ami sans ambages, haut et fort, je le dis, tu étais le meilleur d'entre tous. Que voudrais-je dire ? Au Congo, toutes les générations confondues, tu étais entre tes pairs le premier. En effet, personne n'a autant que toi promené et promu la musique congolaise à travers le monde. Artiste jusqu'au bout des doigts, ouvert à toutes les influences musicales, tu t'attachais à donner à ta musique une dimension transfrontalière. Le tout servi par une voix qui ne laissait personne insensible. Même les pierres, les coeurs d'airain ne résistaient pas à cette voix qui n'est pas sans rappeler le chant matinal des oiseaux qui rytme agréablement nos réveils à la campagne.

Tu t 'es assoupi sur scène. Star jusqu'au dernier soupir, tu es parti rejoindre les étoiles pour nous illuminer davantage. Salut l'artiste.

Musique, papa wemba, 4 ans déjà

Rien de neuf en RDC, dans l'univers musical, depuis que tu es parti ad patres. Le temps semble s'être arrêté. En dépit de cette petite lumière, vite éteinte, Faly Ipupa. Celui-ci avait réussi à franchir les frontières de la RDC. Mais il est précocement revenu au bercail rejoindre le bataillon d' illustres anciens qui font la musique rien que pour les congolais ( Zaiko, Quartier Latin, les Wenge...).

Pendant ce temps, à l'Ouest et à l'Est de l'Afrique, des jeunes gens se sont engouffrés, avec succès, dans le sillon que tu avais patiemment tracé. Celui de la Word music dont tu es un des fondateurs. S'y frottent les nigérians (Flavour....), les ivoiriens (Magic Système ), les ougandais ( Spice Diana), les tanzaniens ( Diamond Plamuntz).... Nous n'y sommes pas présents. Mais, comme toujours, y compris dans d'autres domaines, frappés collectivement de cécité, nous continuons de nous persuader que nous sommes les meilleurs.

Ubi fugimus ? Dans quel pays sommes-nous ? Des artistes, des véritables artistes, de nos jours, en RDC, sont introuvables. Toi, tu étais un artiste sous toutes les coutures. Au-delà de la musique, ton art majeur, tu t'es frotté à d'autres formes d' expressions artistiques : - le cinéma : tu avais fait une incursion réussie dans cet univers. Elle est restée gravée, dans nos mémoires, ta prestation magistrale, en tant que acteur, dans " La Vie est Belle ", où tu campais le rôle d'un jeune villageois qui vient tenter sa chance dans la capitale. L' aisance qui est la tienne dans ce rôle est juste déconcertante.

- Le mannequinat : des grands noms de la haute couture, qui sont avant tout des artistes, ont fait appel à ton talent et tu as, ainsi, arpenté quelques podiums dans le monde. Tu avais un rapport singulier au " chiffon " : tu considérais que les vêtements, l'accoutrement étaient une forme d'expression artistique.

Le choix de couleurs et leur mariage, la coupe de vêtements, les accessoires vestimentaires...participent de cette expression artistique qui fait finalement du corps humain un objet d'art. Tu étais un des initiateurs de ce mouvement nommé " La Sapologie" qui fait aujourd'hui l'objet de plusieurs études dans le monde de la part des sociologues.

Musique, papa wemba, 4 ans déjà

Jamais un artiste congolais n'avait à ce point influencé la jeunesse congolaise de deux rives voire la jeunesse africaine. De ton "village, MOLOKAI," dans le quartier MATONGE, tu dictais à la jeunesse son comportement en matière d'habillement, de coiffure, de démarche et que sais-je encore. La jeunesse de cette époque vivait au rythme de ton village.

- La musique : la forme d'expression artistique où tu as laissé une empreinte indélébile. Ton talent était immense. Tes performances sur scène ou discographiques en sont l'illustration. Que des scènes prestigieuses, les unes comme les autres, dans le monde ( USA, Canada, Japon, France, Belgique , Londres....Abidjan...) ont vu passer ta silhouette et où l'écho de ta voix sans pareil résonne encore ! Un infatigable voyageur au service de son art et de la rumba congolaise. Qui dit mieux ? Personne.

Depuis cinq jours, je t'écoute sans discontinuer, toi que j'ai découvert par la chanson " Référence " grâce à un ami parti. Cet oeuvre, le fruit d'une rencontre entre deux monstres sacrés de la musique congolaise, est incontestablement un bijou. Tu m'as conquis. Je suis un inconditionnel de toute ta période parisienne dont l'apothéose est ta rencontre avec Peter Gabriel. Tu te nourrissais de toutes les musiques du monde pour enrichir la rumba congolaise: le folklore tetela, mongo ( Analengo, She Chanta ), la musique antillaise ( Amina Overdose ), la musique noire américaine ( Fa, Fa), la musique classique ( Le boléro de Ravel)...

Quel immense artiste ! D'ailleurs beaucoup de tes oeuvres n'ont pas pris une seule ride. A mon sens, tu as frisé la perfection avec la chanson " Soul Gbemani " où avec ton organe vocal tu vas chercher les plus hautes notes. De même, au New Morning, à Paris, tu livres un De même, au New Morning, à Paris, tu livres une prestation proche de la perfection. Dans une de tes chansons, ta voix flotte littéralement sur les notes de piano. Je suis orphelin de Papa Wemba comme l'est l'univers musical congolais voire mondial. Tu me manques bigrement quand tes oeuvres l'accompagnent à chacun de mes pas. Merci à toi dont la vie en elle-même est une oeuvre d'art. Tu as réalisé cet exploit que beaucoup d'autres artistes n'ont pas réussi même pas Jean-Baptiste Poquelin dit Molière : mourir sur scène devant son plubic. Quelle sortie! Je m'incline, chapeau bas. Il faut écrire : Tu me manques bigrement quand bien même tes oeuvres... m'accompagnent à chacun Addedum

Parti très tôt rejoindre tes ancêtres

Avec ta voix, jamais égalée, haut Perchée Personne ne passe sous silence tes exploits

Au New Morning, au Zénith et ailleurs Waouh, incontestablement star internationale

Encore et toujours en nous tes mélodies Maître à chanter, en la matière, la référence

Branché, ton oeuvre éclectique, sans frontières

toi l'honneur, la gloire à jamais...et merci. 

RK/Factuel.cd