
Le Procureur Général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde a pris la décision samedi dernier d'ordonner l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre de l'archevêque catholique Fridolin Ambongo, l'un des deux procureurs généraux de Kinshasa.
Cette décision fait suite à des allégations selon lesquelles Ambongo aurait tenu des propos séditieux de nature à décourager les militaires engagés au front.
Cependant, certains doutes sur l'authenticité du document circulant sur les réseaux sociaux ont été soulevés, notamment par un communicant du Vatican. Ce dernier a souligné que la hiérarchie de l'Église ne peut réagir précipitamment à un document non vérifié. Il est donc essentiel de confirmer l'authenticité de ce document avant de tirer des conclusions hâtives.
Entre temps, le procureur rappelle également avoir déjà invité Fridolin Ambongo à se présenter le 25 avril 2024, mais ce dernier aurait décliné cette invitation.
Jean-Pierre Bodjoko, expert en droit canonique, a souligné que «si le document est authentique, le zèle excessif du procureur général près la Cour de cassation pourrait aller à l'encontre de l'Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République démocratique du Congo».
Selon l'article 8, paragraphe 2 de cet accord, dans le cas d'un évêque ou d'un prêtre exerçant une juridiction équivalente, une autorisation préalable du Parquet général de la République est nécessaire, et le Saint-Siège doit être informé immédiatement par les autorités congolaises via la Nonciature Apostolique. Il est donc légitime de douter que cette procédure ait été respectée, afin d'éviter des perturbations inutiles.
Il convient toutefois de souligner que l'accord entre le Vatican et la RDC ne confère pas d'immunité aux évêques. L'article 8, alinéa 2, exige simplement une autorisation préalable du Parquet général près la Cour de cassation et une information du Vatican par les autorités congolaises via la Nonciature Apostolique.
Par ailleurs, cette ouverture d'enquête contre l'archevêque Fridolin Ambongo suscite donc des questionnements quant à la procédure suivie par le procureur général près la Cour de cassation, ainsi qu'à la relation entre l'État congolais et l'Église catholique. Il est essentiel de respecter les normes établies par l'Accord-cadre afin d'éviter des tensions inutiles et de préserver le dialogue entre les deux entités.
Jephté MATONDO