Mutamba
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Une information relayée par l’agence de presse Associated Press (AP), selon laquelle le gouvernement congolais aurait exécuté 102 Kulunas la semaine dernière, a suscité une vive controverse en République Démocratique du Congo. Cependant, cette affirmation a été officiellement démentie par le ministère de la Justice ce lundi 6 janvier 2025.

Le ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, cité par le journaliste Steve Wembi, a nié avoir accordé une quelconque interview à l’AP, rejetant ainsi les informations concernant ces supposées exécutions. 

"Je n’ai pas donné d’interview à l’AP ni confirmé une quelconque exécution de 102 individus par le gouvernement", a précisé le ministre dans un entretien téléphonique avec la source précitée.

Selon l’AP, les 102 Kulunas (des bandits urbains notoires) âgés de 18 à 35 ans, auraient été exécutés dans la prison d’Angenga, située dans le nord-ouest de la RDC. Mais aucune preuve tangible n’a été fournie pour étayer ces accusations, et le gouvernement insiste sur leur caractère infondé.

En revanche, des transferts de Kulunas vers diverses prisons à travers le pays ont bel et bien eu lieu ces dernières semaines. Le dernier transfert, effectué dimanche dernier, concernait un groupe de 57 individus. Ces mesures visent, selon les autorités, à désengorger les centres urbains gangrénés par l'insécurité.

Le ministre Constant Mutamba a récemment tenu des propos fermes sur la lutte contre le banditisme urbain. Lors d'une déclaration publique, il avait laissé entendre que des mesures drastiques, incluant potentiellement la peine de mort, pourraient être appliquées. "Les parents doivent savoir que les enfants arrêtés comme Kulunas et remis à la justice ne seront plus revus. La peine de mort sera exécutée", avait-il averti.

Ces déclarations ont reçu un accueil mitigé. Une partie de la population, exaspérée par l'insécurité, salue la fermeté du gouvernement. "Il est temps que la loi s’applique, car les Kulunas sèment la terreur dans nos quartiers", a confié un habitant de Kinshasa.

Cependant, les organisations de défense des droits humains dénoncent ces menaces comme une violation flagrante des engagements internationaux de la RDC. "L'application de la peine de mort va à l'encontre des principes fondamentaux des droits humains et des traités signés par le pays", a rappelé un représentant de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH).

Pour l'heure, le gouvernement congolais insiste sur le fait que les transferts des Kulunas visent à restaurer l'ordre public et non à procéder à des exécutions arbitraires. Reste à voir si les autorités parviendront à dissiper les doutes et apaiser les inquiétudes de la population et des observateurs internationaux.

Jephté MATONDO