
Le 12 août 2025, Muhindo Nzangi Butondo a officiellement pris ses fonctions en tant que ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire de la République Démocratique du Congo. Ce changement de leadership s’inscrit dans un contexte où le secteur agricole, malgré ses potentialités énormes, fait face à des défis majeurs, notamment la dépendance aux importations alimentaires. Nzangi, fort de son expérience antérieure en tant que ministre du Développement rural, se présente comme le profil idéal pour impulser une véritable révolution dans ce domaine.
UN PARCOURS POLITIQUE ÉTABLI
Né le 11 novembre 1980 à Kyavinyonge, Muhindo Nzangi a rapidement gravi les échelons politiques. Élu député provincial en 2006, il a su démontrer son engagement pour le développement de sa région, le territoire de Lubero. Sa carrière a été marquée par des moments de controverse, notamment son arrestation en 2013 pour « atteinte à la sécurité de l'État », mais cela ne l'a pas empêché de continuer à se battre pour ses convictions.
En tant que ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire depuis avril 2021, il a acquis une expérience précieuse en gestion des politiques publiques. Sa récente nomination au ministère de l’Agriculture s’inscrit dans une logique de continuité, où son expérience sur le terrain est essentielle pour répondre aux attentes des Congolais.
UNE VISION AMBITIEUSE POUR L’AGRICULTURE
Lors de sa cérémonie d’inauguration, Nzangi a clairement affiché ses ambitions. Il a parlé d’une « révolution agricole agressive », affirmant la nécessité d’une action rapide et déterminée pour transformer le secteur. Pour lui, la sécurité alimentaire des Congolais est une priorité, et il a insisté sur le fait que les programmes élaborés doivent être exécutés avec « brutalité », une métaphore pour évoquer la nécessité d’une approche ferme et résolue.
« Nous croyons qu’il faut une véritable révolution, et elle sera agressive. Nous allons faire en sorte que tous les plats élaborés soient exécutés de la manière la plus brutale possible », a-t-il déclaré, mettant en avant des produits alimentaires de base comme le maïs, le riz et les haricots.
UNE APPROCHE DE TERRAIN
Muhindo Nzangi est conscient que le ministère de l’Agriculture nécessite une approche pragmatique et ancrée dans la réalité du terrain. Son expérience au ministère du Développement rural lui a permis de comprendre les défis spécifiques auxquels sont confrontés les agriculteurs congolais. Son engagement à travailler directement avec les producteurs et à établir des bases solides pour la transformation agricole est un atout indéniable.
La RDC, riche en ressources naturelles, a un potentiel agricole qui reste largement sous-exploité. Nzangi semble déterminé à changer cette dynamique en mobilisant les acteurs du secteur, en encourageant l’innovation et en soutenant les agriculteurs locaux.
Avec 80 millions d’hectares de terres arables et seulement 10 % exploités, la RDC a tout pour devenir un grenier agricole régional. Encore faut-il une volonté politique claire, des investissements massifs et une gestion rigoureuse. Muhindo Nzangi, en affichant d’entrée un discours d’action et de résultats, semble incarner ce tournant.
Reste désormais à voir si la « révolution agricole agressive » qu’il appelle de ses vœux saura passer du slogan à la réalité, dans un pays où les défis de gouvernance et d’infrastructures freinent encore trop souvent les ambitions.
Jephté Matondo