
La Cour de cassation rend, ce mercredi 27 août 2025, son verdict très attendu dans le procès de Constant Mutamba Tungunga, ancien ministre de la Justice, accusé du détournement présumé de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison centrale à Kisangani.
Un dossier hautement symbolique
Ouverte depuis plusieurs mois, l’affaire a retenu l’attention de l’opinion congolaise. Au-delà de la personne de Mutamba, c’est toute la question de la gestion des fonds publics et de l’indépendance de la justice qui est posée. Pour de nombreux analystes, ce jugement fera figure de test: la justice congolaise peut-elle véritablement sanctionner les hautes personnalités politiques dans un pays où la lutte contre la corruption reste un défi majeur ?
Mobilisation et contestations
La veille du verdict, la société civile s’est fait entendre. Des associations féminines réunies à Kinshasa ont réclamé une sanction exemplaire, estimant que « défendre la dignité nationale passe par la fin de l’impunité ». D’autres voix, en revanche, alertent sur les risques d’une justice instrumentalisée à des fins politiques.
L’Observatoire de la dépense publique (ODEP), dans un communiqué du 26 août, s’est dit préoccupé par des « violations des règles démocratiques et des droits fondamentaux relevées au cours du procès », tout en condamnant fermement tout détournement des deniers publics.
Entre crédibilité et scepticisme
Le verdict attendu est perçu comme un moment décisif. En cas de condamnation, l’ancien ministre pourrait écoper d’une lourde peine assortie de la confiscation de ses biens. Un acquittement, quant à lui, viendrait souligner la fragilité des preuves et relancerait le débat sur l’efficacité des mécanismes de contrôle des finances publiques.
Dans un contexte national marqué par des tensions sociales et une exigence accrue de transparence, ce jugement aura donc des répercussions qui dépassent largement le cadre judiciaire.
Un signal pour l’avenir
Quelle que soit l’issue, l’affaire Mutamba restera un tournant. Elle questionne l’État de droit en RDC et le rapport entre justice, politique et société. Entre espoir d’une justice impartiale et crainte d’une décision dictée par des considérations politiques, la population congolaise retient son souffle.
Jephté Matondo