Vivre à Kinshasa est devenu au vrai sens du mot un calvaire. Les habitants de la capitale congolaise sont confrontés au quotidien à des carences et des dysfonctionnements dans tous les secteurs de la vie publique. Transports, habitat, salubrité, eau, électricité, infrastructures publiques etc, rien ne fonctionne comme on devrait s'y attendre. Et cette situation empire de jour en jour, au rythme de la croissance démographique et de l'augmentation du trafic sur le faible réseau routier praticable.
En effet, pour ce qui est des embouteillages chroniques, la somme des immatriculations a atteint le seuil de saturation par rapport aux kilomètres de routes disponibles, ralentissant par effet mécanique la circulation jusqu'à l'immobilisation aux heures de pointe. Sauf à construire de nouvelles voies, dans le cadre d'un vaste plan de mobilité urbaine polyvalente, nous nous dirigeons vers un désastre annoncé : le blocage total de la mobilité dans la ville.
Les autres infrastructures n'ont pas non plus suivi, notamment pour ce qui est du drainage des eaux dans une ville dépourvue du tout-à-l'égout. En conséquence, l'anarchie urbanistique, l'insalubrité due à une population incivique et l'accumulation des immondices en l'absence d'un service de ramassage et d'une filière de traitement des déchets, exposent les habitants à des inondations meurtrières à chaque saison des pluies. Une situation amplifiée par les perturbations climatiques.
Aujourd'hui, la capitale congolaise donne l'image du ville sinistrée, impropre à la vie sociale et pernicieuse pour les activités économiques. Une ville où on étouffe littéralement, et qui, par-dessus tout, ternit l'image du pays tout entier. Car son rôle de capitale en fait la porte d'entrée de tous nos visiteurs importants.
Il y a une urgence absolue à prendre des mesures exceptionnelles pour sauver Kinshasa du naufrage. Elles nécessitent de sortir du schéma de gouvernance urbaine actuelle qui a montré ses limites pour diverses raisons.
*À SITUATION EXCEPTIONNELLE, MESURES D'EXCEPTION*
Je suggère au Président de la République de demander au gouvernement de préparer une loi spéciale consacrant Kinshasa *ZONE D'AMÉNAGEMENT SPÉCIALE* . Cette zone sera dirigée par un *commissaire spécial à l'aménagement de Kinshasa* .
Son attribution principale sera de coordonner un *Plan d'urgence pour l'aménagement de Kinshasa* , regroupant sous son autorité des cellules des ministères nationaux concernés (Plan, Intérieur, Affaires foncières, Urbanisme, Habitat, Infrastructures et Aménagement du territoire) et les projets d'aménagement de la ville en cours.
De la même manière, certaines prérogatives du gouverneur de la ville lui seront confiées, notamment en matière d'urbanisme, d'habitat, d'infrastructures et de salubrité publique.
Il arbitrera les budgets alloués au plan d'urgence et veillera à l'exécution de tous les projets intégrés.
*Son profil devra être technique et non politique* , et il sera placé sous la tutelle directe du chef du gouvernement.
Pour prendre un exemple historique inspirant, la ville de Paris, qui est admirée aujourd'hui dans le monde, fut transformée et modernisée grâce à des pouvoirs spéciaux confiés par Napoléon III au baron Haussmann. En qualité de préfet de région chargé de l'urbanisme, il avait eu carte blanche et les budgets conséquents pour transformer en profondeur la ville.
Kinshasa vaut un challenge à la hauteur qu'elle représente en tant que capitale d'un des plus grands pays d'Afrique.
Charles Kabuya