
Les négociations entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et les rebelles du M23, menées sous l’égide de la médiation Qatarie, ont franchi un nouveau cap avec la présentation d’un projet d’accord dont les grandes lignes ont été dévoilées par Jeune Afrique.
Selon ce document, trois mesures phares sont envisagées. D’abord, la mise en place d’une force spéciale intérimaire composée à parts égales d’éléments du M23 et de la Police Nationale Congolaise (PNC) pour sécuriser les zones affectées par le conflit. Ensuite, la nomination d’autorités intérimaires locales issues à la fois de Kinshasa et de l’AFC/M23 dans les territoires actuellement sous contrôle rebelle. Et enfin, l’organisation d’un dialogue national en 2026, censé ouvrir la voie à une réconciliation politique plus large et à la réintégration des groupes armés dans la vie nationale.
Si la médiation Qatarie espère rapprocher les deux parties, ce projet d’accord reste hautement sensible. L’idée d’intégrer des combattants du M23 dans une force conjointe de sécurité ou de leur accorder une place dans les institutions locales risque de susciter des réticences tant au sein de l’opinion publique que dans la classe politique congolaise, qui redoute une légitimation du mouvement rebelle.
Toutefois, le gouvernement congolais, qui avait jusque-là affiché une position de fermeté vis-à-vis du M23, réitère néanmoins son engagement en faveur d’un « dialogue constructif ». De leur côté, les représentants du M23 et de l’Alliance des Forces du Changement (AFC) exigent des garanties sur la mise en œuvre effective des engagements pris.
Il sied de noter que ces pourparlers se déroulent dans un climat marqué par une intensification des violences dans l’est du pays, où les affrontements entre FARDC et M23 ont contraint des milliers de civils à fuir leurs villages. Par ailleurs, la dimension régionale du conflit – avec les accusations récurrentes de soutien extérieur au M23 – complique encore la donne.
Jephté Matondo