
Les réactions continuent de fuser après la condamnation à mort de l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, par la Haute cour militaire. Après la sortie musclée du Front Commun pour le Congo (FCC) hier, c’est au tour de Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique de l’ancien chef de l’État et cadre du PPRD, de hausser le ton.
« Plus de trois heures pour ne présenter que des ragots des réseaux sociaux et de la rue de Kinshasa. Aucune preuve liant sans aucun doute Joseph Kabila Kabange à la coalition AFC-M23 », a déclaré Kikaya Bin Karubi ce mercredi 1er octobre 2025.
Pour lui, les accusations qui font peser sur Kabila une responsabilité directe dans les violences de l’Est ne reposent sur rien de concret: « Seul grief, avoir séjourné à Goma et à Bukavu où vivent des dizaines de millions de nos compatriotes qui vivent dans la chair, les affres de la guerre », a-t-il poursuivi.
Un rappel des « acquis » de Kabila
Dans son intervention, Kikaya est revenu sur l’héritage politique de Joseph Kabila, présenté comme un « bâtisseur d’unité nationale ».
« Au lieu de s’acharner contre Joseph Kabila Kabange, la République devrait l’acclamer pour avoir récupéré notre Congo qui en 2001, à son avènement au pouvoir, était déjà découpé en plusieurs morceaux. Non seulement a-t-il réunifié le pays, il a reconstruit l’architecture étatique pour organiser trois cycles électoraux qui ont culminé par une alternance sans effusion de sang », a-t-il insisté.
Il a également dénoncé ce qu’il considère comme une contradiction du pouvoir actuel.
« On condamne Joseph Kabila Kabange à mort pour soi-disant être le chef de l’AFC-M23. Pendant ce temps, on négocie avec la même AFC-M23 à Doha. Le monde nous regarde. Le futur dépend seulement de nous », a conclu le proche de l’ex-président.
Ces déclarations interviennent juste après du communiqué du FCC, plateforme politique héritée de Joseph Kabila. Hier, le regroupement avait dénoncé ce qu’il qualifie de « parodie de justice » et une « instrumentalisation de la justice militaire » contre son autorité morale. Le FCC avait averti que la condamnation de Kabila n’est pas seulement une attaque contre sa personne, mais une menace pour la stabilité politique et sociale du pays.
Reste à savoir si cette décision de justice, doublée d’un procès contesté, sera exécutée ou si elle ouvrira plutôt une nouvelle page de bras de fer politique entre l’actuel pouvoir et l’ancien régime.
Jephté Matondo