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La notion de “welfare” qui signifie “bien-être” est apparue en Europe après la révolution industrielle et l'accroissement des richesses des nations.
Politiquement elle s'est déclinée en “Welfare state” dans les pays anglo-saxons ou “Etat providence” en France, notamment après la seconde guerre mondiale.
Cette notion de l'Etat providence était conséquente des rapports des forces sociales et de la recherche d'un équilibre entre les partisans d'un état réduit à ses fonctions régaliennes, dans une économie libérale, et les partisans d'un état interventionniste, dans une économie réglementée.

L'État providence ou Welfare state a comme objectifs principaux d'assurer le bien-être général à travers la redistribution équitable des richesses du pays et de garantir une justice sociale par la mise en place des mécanismes de protection des plus vulnérables dans divers domaines de la vie sociale.
C'est ainsi que sont apparus dans certains pays occidentaux des mécanismes comme les caisses d'assurance sociale, les allocations familiales, l'assurance chômage ou des politiques sociales comme la gratuité de l'enseignement ou encore la construction de logements sociaux. Sur ce plan, les pays communistes de l'Europe de l'est avaient poussé plus loin encore la prise en charge de la vie des citoyens, mais ce système s'est finalement effondré par manque d'équilibre économique, car l'initiative privée avait été laminée par la collectivisation de l'économie, la rendant moins performante. En effet, pour redistribuer les richesses, il faut d'abord les créer…

Notre histoire coloniale n'a pas échappé à ce mouvement social né en Occident. Le prétexte de l'amélioration du bien-être de l'indigène a toujours été invoqué par les défenseurs du colonialisme, qui avancent les progrès dans l'éducation et la santé pour justifier l'entreprise coloniale, oubliant avec cynisme que la colonisation fut essentiellement une domination sociale et culturelle, une confiscation territoriale et économique, et surtout un esclavagisme mâtiné de racisme.
C'est ainsi que les luttes pour l'indépendance en Afrique et ailleurs étaient des mouvements d'émancipation ou de libération du joug colonial. De ce fait, on retrouvera dans les objectifs fondamentaux des pères de nos indépendances, outre la souveraineté reconquise, la réparation de l'injustice sociale du colonialisme par une réappropriation des richesses et leur redistribution au peuple.

En RDC, Lumumba et son mouvement politique furent à la pointe de ce combat avec la vision d'une justice sociale primant sur les autres aspects de l'émancipation des congolais. Il s'était d'ailleurs déclaré proche de l'idéologie socialiste ou du moins social-démocrate, ce qui lui avait valu d'être taxé de communiste par ses ennemis.

De nos jours, l'objectif du bien-être social est affiché comme un mantra par tous les partis politiques congolais. Certains en ont d'ailleurs fait leur idéologie politique ou leur thème récurrent des campagnes électorales. Et, bien que la justice sociale et la répartition équitable des richesses nationales figurent dans la constitution du pays, pratiquement aucun progrès n'a été réalisé après 64 ans d'indépendance.
La RDC semble essoufflée au Marathon de l'agenda des objectifs de développement humain (ODD), tandis qu'elle squatte les bas-fonds de l'indice de développement humain (IDH)

Si nous devons saluer les efforts du président Félix Tshisekedi avec la mise en place de la gratuité de l'enseignement primaire ou celle plus laborieuse de l'accouchement gratuit, force est de constater qu'en matière de progrès social presque tout est encore à faire.

Et si l'État n'est pas “providence” pour tous, il est providentiel pour quelques-uns. En effet, ceux qui ont un accès privilégié aux richesses nationales, qui pillent le trésor public, qui détournent les fonds publics, s'octroient des avantages exorbitants, et qui grâce à cette manne de l'État peuvent scolariser leurs enfants dans les meilleures écoles privées, se faire soigner à l'étranger, s'offrir des villas luxueuses ou un patrimoine immobilier et tutti quanti…Pour ceux-là, l'État congolais est une providence, oui un État providentiel qui pourvoit tout pour...eux seuls.

Thomas Sankara avait dit : “il faut choisir soit l'eau potable pour tous, soit le champagne pour quelques-uns…”

La classe politique congolaise a fait son choix. 
Foi de forage !

Me Charles Kabuya

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