Le climat politique congolais s’alourdit autour du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Considéré comme l’un des plus proches alliés de Félix Tshisekedi depuis l’accession de ce dernier au pouvoir, le patron de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) semble aujourd’hui lâché par ses soutiens traditionnels.
Selon des sources concordantes, Kamerhe aurait rencontré le président de la République le 14 septembre 2025, pour solliciter son appui face à la pétition visant à le déchoir de son poste. Mais, loin d’afficher un soutien clair, Félix Tshisekedi aurait, au contraire, donné des consignes jugées contradictoires. Des sources affirment que certains proches du président, dont son cousin Tony Kanku Shiku et le ministre Guy Loando, auraient encouragé les pétitionnaires.
À cette distanciation du camp présidentiel s’ajoute celle de Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre des transports, qui aurait également pris ses distances avec Kamerhe.
Entre temps, la pétition contre le président de l’Assemblée nationale a franchi un cap décisif: 261 députés y ont apposé leur signature, largement au-delà du seuil requis pour sa recevabilité et a été déposée ce lundi 15 septembre 2025, dès la rentrée parlementaire et réceptionnées au cabinet du premier vice-président Isaac Tshilumbayi.
Les initiateurs reprochent au Bureau Kamerhe une série de dysfonctionnements:
• une gestion opaque des finances de l’Assemblée nationale,
• la non prise en compte de la situation sociale des députés,
• le vote précipité de certaines lois,
• ainsi que le blocage des moyens de contrôle parlementaire.
Le député Crispin Mbindule, membre de l’UDPS-Tshisekedi et ancien cadre de l’UNC, figure parmi les signataires. Il accuse l’actuel président de la chambre basse d’avoir instauré une gestion « illisible et non concertée ».
Pour Vital Kamerhe, cette offensive parlementaire marque un tournant. Celui qui fut longtemps présenté comme le plus fidèle allié de Félix Tshisekedi se retrouve désormais isolé, à la merci d’un vote qui pourrait lui coûter la présidence de l’Assemblée nationale.
Dans un contexte où les rapports de force évoluent rapidement au sein de la majorité, l’avenir politique de Kamerhe reste incertain. Sa capacité à rebondir dépendra autant de son poids personnel que de l’éventuel soutien ou du silence du président de la République.
Jephté Matondo